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Résidences artistiques

BAPTISTE VERREY

Résidence artistique dans le cadre de l’appel à projet « Rouvrir le monde » soutenu par la Drac PACA, du 19 juin au 7 juillet 2023 à la Ferme Capri

Nous sommes un petit groupe d’enfants (4-9 ans) et d’adultes, il y a une instit’ (Ophélie), les salarié·es, services-civiques et bénévoles de la Cité de l’Agriculture (Camille, Élise, Isaac, Lina sur- tout), une salariée et une service civique de la Galerie Art-Cade (Agathe et Diane) et un artiste inter- venant (Baptiste).
L’atelier se déroule en semaine, la première de juillet. Il fait très chaud.
Anthotype : ce procédé est inventé par Mary Somerville en 1842, d’après l’observation de la pho- to-oxydation des plantes produit par la lumière du soleil. Comme un bronzage végétal, un dessin d’ombres, un long sortilège qui fait apparaître l’invisible. Les images obtenues sont timides et temporaires, elles sont vouées à disparaître : on ne peut pas les fixer, comme on le ferait avec des cyanotypes ou des tirages de laboratoire.
Notre laboratoire c’est la serre, c’est le mixeur alimentaire, les tables dehors, à peine couvertes. Ce sont les jets d’eau qui s’activent, les plants de tomates et les blettes et les courgettes et la menthe et le romarin et le kénopode et le thym et le pertuis et le muflier qu’on peut manger aussi.

Simple comme
1 2 3…
1. couper les plantes, ici : des feuilles de blettes, choisies pour leur couleur verte très chlorophylée (outouteautre plantedisponible,selonlasaison; desépinards,desbetteraves,deschoux,
des mûres, des cerises, ou des fleurs comme la garance, il faut tout essayer)

2. écraser les plantes, les découper, les mixer avec de l’eau distillée 3. filtrer la concoction pour éviter les grumeaux

4. à l’aide d’un pinceau, passer la première couche du jus sur une feuille, comme un aplat de peinture : alterner les traits horizontaux et verticaux, pour bien pénétrer le papier. Attendre que la première couche sèche, puis recommencer avec un deuxième passage.

5. raconter une histoire
«D’un côté du jardin il y a le jour et de l’autre la nuit, on peut passer d’un bord à l’autre.»
« Il y a ce conte péruvien où le soleil est un bouclier fabriqué par une guerrière, à partir de fragments d’étoiles, et la lune est son cœur lancé dans le ciel pour son amant.»

« Sun et Moon, les poulets grimaçants qui nous entourent monstrueusement et cherchent à nous attraper et à nous manger à travers les portes.»

« C’est quoi, ton signe solaire ? »

« Le calendrier arabe c’est un calendrier lunaire, le notre est solaire et le calendrier chinois est luni- solaire, il mélange tous les cycles. »

« On faisait un barbecue dimanche, j’ai fait un insolution maman m’a dit, alors j’étais brûlé comme les cotelettes et les merguez. »

« On peut prendre en photo ma bouteille d’eau ?»

6. exposition au soleil
Alors on crée des images, on imagine.

D’abord avec ce qui est là : le jardin, les plantes, la visite de Camille et Lina, on cueille nos préférées, on les com- pose sur la feuille de papier épais.

Ensuite on choisit des symboles qui nous plaisent dans un grand livre sur l’astrologie, c’est quoi l’astrologie ? C’est ’observation du positionnement des astres et l’imagination des effets sur nous, mais vous voyez les étoiles elles ne sont pas partout pareil dans le monde, les chinois et les mayas et les turcs ont d’autres constellations, c’est juste une manière de voir.

On découpe ce qui nous attire, on met nos papiers sous la plaque de verre pour que le soleil fasse apparaître des images, ça prend trois heures environ.
Puis on va photographier la ferme avec un petit appareil, et on répère le procédé avec des images imprimées en noir et blanc sur du rodoïd, pour notre atlas de figures fragiles et éphémères.

7. manger ensemble et se rappeler
Une fois qu’on a terminé, on imprime un livret et on invite les famille à partager un repas le mercredi midi, avec les enfants. C’est l’occasion d’apprendre à créer un cadran solaire portable avec des feuilles de papier, une hor- loge solaire réglé sur la position de Marseille.
On imagine comment on se trouve sur une grande boule qui tourne, très vite, face à une autre grande boule qui nous réchauffe la peau, parfois un peu trop.

On mange les tartes aux blettes cuisinées par Baptiste avec les blettes de la ferme et des anthotypes, la salade de fruit de Diane, et les différentes salades ramenées par Lina et les familles. Ophélie, elle aussi, est venue avec sa fille. On prend chacun·e nos dessins, nos cadrans solaires, nos éditions. On repart avec nos bouts de papiers bronzés et on se dit merci.

DIANE GUYOT DE SAINT MICHEL
À L’HÔPITAL EUROPÉEN MARSEILLE 2019/2020

Diane Guyot de Saint Michel se rend depuis juin 2019 dans les services de soins critiques Urgences et Réanimation. Ces mêmes services sont aujourd’hui dédiés COVID. L’artiste s’y est rendue afin de documenter ce moment si puissant pour nous tous, où tous les regards sont justement braqués sur l’hôpital.

Grâce à la matière collectée, elle réalise aujourd’hui un ensemble de portraits de soignants après leurs 12h de travail, avec et sans masque. Certains soignants ont d’ailleurs ‘découvert’ à cette occasion le visage de collègues venus en renfort. La pratique de Guyot est directe et concrète ; ses effets sont immédiats

art-cade* et l’Hôpital Européen Marseille accompagne l’artiste en résidence avec le soutien de l’Ars Paca et de la Drac Paca dans le cadre de «Culture à l’hôpital».

« L’anesthésiste parle au patient juste avant de l’endormir. Sa voix est parfois la dernière entendue. Faire un portrait en réanimation, c’est dessiner avec cette idée qu’il est possible que ce soit le dernier.

Je m’attache aux équipes de soignants, qui soignent, qui pansent, mais aussi font les lits, préparent les draps, brossent les dents, les cheveux, et préparent aussi la chambre et le corps pour l’arrivée de la famille.
On parle de l’hôpital comme d’un lieu aseptisé, mais c’est pourtant là qu’on retrouve toute la puissance du rituel.

Il y a un autre rituel, un étage plus bas, dans le service des urgences.
À n’importe quelle heure et pour parfois pas grand chose, ils arrivent dans ce service déjà engorgé. Je me demandais bien ce qui pouvait pousser quelqu’un à venir à 3h du matin pour un mal de ventre. Souvent, ils demandaient un Irm ou un scanner. Je dessinais et me rendais bien compte de la force du dessin. L’image en elle-même importait peu, ou plutôt était comme un e et secondaire. L’important c’est d’abord d’être représenté. Ces pauvres qui dé lent, ceux que les médias, les politiques ou les bailleurs sociaux ont abandonné, c’est bien une image qu’ils attendent. Et ils resteront là toute la nuit s’il le faut, pour le temps d’un examen, accéder à un peu d’égalité face à la représentation.»

Diane Guyot de Saint Michel, janvier 2020.

Dans l’œuvre de Diane Guyot de Saint Michel, la négociation n’est pas un préambule, elle constitue le centre d’une production qui s’appuie sur la parole. Aussi, dans une part importante de son travail, l’artiste tente-t-elle de convaincre des personnes extérieures au champ de l’art à l’accompagner activement dans la réalisation de ses pièces.

Qu’il s’agisse de photographies, d’installations, d’éditions, de vidéos ou de performances, le socle de son travail s’élabore sur le partage du savoir et la co- construction. C’est dans le déplacement et la mise en commun qu’opère l’artiste, se rendant étrangère, comme le sont les personnes qu’elle invite, elle tente de dessiner un territoire d’entente producteur de sens.

En cela, et en bien d’autres aspects, l’œuvre de Diane Guyot Saint Michel est un positionnement, une parole impliquée, consciente du monde qui l’entoure, et qui se donne à voir des formes pensées et généreuses.

Guillaume Mansart co-directeur, responsable artistique de Documents d’Artistes PACA http://documentsdartistes.org/guyot

L’hôpital regorge de drapés : le tissus qui occulte la partie du corps dont on ne s’occupe pas pendant l’opération, les tenues trop amples des équipes qui plissent et replissent, jusqu’aux draps des lits et traversins qui sont autant de lieux de réunions durant lesquelles on voile et dévoile le patient. Ce passage entre ce qui est dissimulé sous les plis à la vue du corps malade me parait être un enjeu de représentation.

« Je repasse et je vois du monde dans son box. Tiens, cette fois-ci son drap est levé… Les liquides dans les poches connectées à son ventre sont de drôle de couleurs. Une quarantaine d’agrafes parcourent son ventre du pubis au plexus avec un détour par le nombril. Sur la droite de cette voie ferrée, deux plaies rouges et visqueuses. Matthias fait le pansement. « C’est l’atelier macramé » dit-il. C’est vrai qu’il va falloir être inventif pour arriver à scotcher, passer le tuyau au travers du truc. Il bricole un pansement adapté. Tout d’un coup, la patiente se met à avoir des spasmes à l’épaule droite. Je suis en face d’elle, je me dis que ça y est, ça va partir en cacahuète. Un infirmier aussi se demande ce qu’il se passe. Elle s’arrête, elle sourit, montre l’infirmier derrière moi et dit qu’à eux deux, ils ont le sens du rythme. Elle dansait et me regarde d’un air de défi, petit sourire en coin : une magnifique leçon de résistance, à moi qui regardais un amas de plaies. « 

DIANE GUYOT DE SAINT MICHEL
LA SALLE BLANCHE ACTE 1
2017/2018

Résidence artistique à l’Hôpital Européen (Marseille) et à la Salle Blanche (Apt) en partenariat avec art-cade* et Mécènes du Sud Aix-Marseille.

Projet réalisé dans le cadre des Ateliers Quel Amour! MP2018

En 2017, art-cade* accompagne la mise en place d’une résidence de recherche pour Diane Guyot de Saint Michel au sein de l’entreprise La Salle Blanche basée à Apt (réalisation de salles à atmosphères contrôlées pour les établissements de santé).

La Salle Blanche ayant installé les blocs opératoires de l’Hôpital Européen – Marseille, art-cade* sollicite cet établissement pour un accueil de Diane Guyot en résidence de recherche. L’accueil fût immédiat et enthousiaste.

Entre juillet 2017 et janvier 2018, Diane Guyot a réalisé une résidence de 7 mois, au sein de l’Hôpital Européen, pendant laquelle elle a été à la rencontre des personnels, des médecins et des patients du service H4.
À l’issue de la résidence, les œuvres produites par Diane Guyot et les pistes de recherches en cours ont fait l’objet d’une présentation au sein de la Galerie des grands bains douches de la Plaine, ouverte au grand public, et pendant laquelle nous avons organisé des moments spéciquement dédiés aux personnels de l’hôpital.

Une performance a lieu au sein du service gastro-entérologie : Diane Guyot brode un ensemble de blouses qui seront autant d’oeuvres portées par le personnel soignant pendant leur journée de travail. L’art est au coeur de l’hôpital, entre soignants et patients.

La richesse de cette première phase de travail et la qualité des échanges qui en ont émergé, ont donné envie à l’ensemble des partenaires du projet de poursuivre la collaboration dans les services particulièrement éprouvant pour le personnel.

«Je fonctionne au désir, à l’excitation. Le projet naîtra de ma rencontre avec LSB et l’Hôpital Européen, de la gestation et d’un accouchement dont je ne peux encore m’avancer s’il sera douloureux ou pas. D’expérience, ça l’est toujours un peu. Si je prétends à une résidence artistique au sein d’une entreprise, c’est que La SalleBlanche m’a tapé dans l’oeil : producteur d’espaces aseptisés, de salles blanches et stériles faites de matériaux modulaires et adaptables à toutes architectures existantes. Et je pense bien sûr au white cube, à cet espace dont on n’échappe pas, qu’on soit dedans ou dehors du décor.
J’expose dans les aérogares, les stades, les stations de métro, j’ai une tendresse particulière pour les lieux qui nous rassemblent malgré nous. Je passe des heures à la CPAM, à la CAF, dans les zones de transit, pour dessiner dans ces espaces normés, ensemble des modules d’un grand système.
Y a-t-il un espace plus public que l’hôpital? Peut-être, mais celui-ci en tous cas, on y fait tous un saut.»

La démarche de Diane Guyot de Saint Michel, immersive dans un premier temps, permettra de « prendre le pouls » des espaces concernés par le projet : les espaces de santé, les salles d’opération, le lieu de production de LSB à Apt.

Avec cette résidence, l’ambition des parties est d’enclencher un laboratoire d’idées, de productions, de recherche. Pendant toute la durée du projet, la galerie des Grands Bains Douches de la Plaine coordonne les temps de rencontres, de présentations publiques, d’échange et de travail entre les partenaires du projet. Mécènes du sud accompagne La Salle Blanche dans sa démarche projet.

Diane Guyot de Saint Michel, par ses productions formelles et/ou conceptuelles, mettra en exergue les enjeux de ce programme en devenir qui vise à re-penser les espaces de santé.

art-cade*
Galerie des grands bains douches de la Plaine

35 bis rue de la Bibliothèque
13001 Marseille, France
Tél. : 04 91 47 87 92

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Horaires d'ouverture
Du mardi au samedi de
15h00 à 19h00

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