Richard Monnier
Artiste
né en 1951
Vit et travaille à Grenoble
« Avant d’être sculpteur et peut-être même avant d’être artiste, Richard Monnier est d’abord un chercheur. C’est pourquoi, depuis 1980, la production matérielle n’a jamais été une finalité dans son travail. […]
« Je ne suis pas attaché à des matériaux mais à des processus d’apparition de la forme », déclarait-il, quand son travail présentait encore les apparences de la sculpture. Expansion, tressage, découpe, enroulement, superposition, dispersion… Dans le prolongement du Process Art, Monnier s’en tenait alors à des gestes simples et répétitifs, des gestes induits par des matériaux dont le choix était lui même induit par l’observation de caractéristiques physiques particulières. La mousse de polyuréthane, le ciment, le grillage à poule, la colle thermo-fusible, etc. Sans oublier le matériau de l’histoire de l’art, Monnier puisant longtemps dans le XXe siècle (Brancusi, Max Bill, César, Serra, Hesse…) pour se tourner plus récemment vers la Renaissance, et son œuvre redoublant d’invisibilité dès lors !
Car l’œuvre de Monnier ne serait pas ce qu’elle est si son auteur n’était aussi un inlassable enseignant : toujours à mi-chemin de la bibliothèque et du réduit minable et encombré qui lui sert d’atelier. La recherche documentaire relève ici du réflexe professionnel, mais elle est tout aussi empirique. C’est ce qui lui permet de créer des ponts inattendus entre l’Op Art et l’Art concret. C’est ce qui donne à certaines de ses œuvres, sinon un fini, du moins une silhouette minimaliste et à d’autres celles de gadgets psychédéliques. C’est ce qui le rend atypique, sans être anachronique. C’est ce qui lui donne une vue imprenable, car d’expérience, sur l’art des années 70 à nos jours. L’artiste bricole imperturbablement, il s’obstine calmement. Très bien informé, il n’en préfère pas moins l’approche aléatoire (plusieurs de ses œuvres font d’ailleurs explicitement référence au jeu de dés) et spontanée, revendiquant sans scrupule le caractère laborieux de sa démarche et s’étonnant peut-être lui même que des gestes, des matériaux et des références si disparates puissent être à l’origine d’une œuvre marquée par une indiscutable unité formelle et conceptuelle, et demeurant toujours ouverte et imprévisible. » […]
Extrait de Portrait de l’astronome en joueur de boules. Richard Monnier et l’éclairage de l’empirisme, Frédéric Paul, Les Cahiers du MNAM, Centre Pompidou, Paris, n°83, 2003
http://www.dda-ra.org/fr/oeuvres/MONNIER_Richard