Frédérique Lucien
Artiste
NÉE EN en 1960 à Briançon
Vit et travaille à Paris
Les œuvres récentes de Frédérique Lucien viennent conforter, ouvrir et intensifier un processus artistique en germe depuis 1990. Elles attestent d’une grande maturité, qui se lit dans des choix qui se confirment, se consolident. L’artiste pousse en effet l’observation à sa limite, dans des pièces où tous les éléments d’un vocabulaire défini depuis vingt ans semblent avoir trouvé leur place.
Dans la série des Anonymes (2010), dessins de membres humains – jambes, bras, sexes, bustes, pieds, mains de proches –, les formes divisées en fragments gagnent une dimension presque sculpturale. Les découpages en fragments étaient déjà présents dans les premières œuvres, qui choisissent de figurer tantôt le pistil, tantôt la tige de la fleur ; ils se retrouvent ici de manière systématique, en murs entiers.
Le passage de la ligne à la forme, autre élément structurant de sa démarche, expérimenté dans les séries des Formes (1995) puis des Îles (2000), s’y rejoue également avec un degré supplémentaire d’intensité. Entre choix du fragment, des lignes, des angles ou des arêtes des corps, et rendu de la chair, l’artiste affirme dans les dernières œuvres une poétique complexe, fondée sur une hésitation entre la surface et le trait. Les Pistils, sortes de totems ou de sexes dressés étaient primitifs, naïfs. Les Anonymes et les céramiques représentant des bouches rejouent cette primitivité tout en cheminant vers une expression plus étrange, excessive, presque baroque. Ainsi, tout un aspect singulier, inquiétant, présent dans les œuvres plus anciennes de manière plus discontinue, tend désormais à prendre corps, à marquer son empreinte.
Site de l’artiste :
http://www.frederiquelucien.com/