SUSPENDED SPACES
collectif né en 2007 et basé à paris
Suspended spaces est un collectif indépendant, avant tout réunis par le désir de travailler ensemble et avec d’autres artistes et chercheurs internationaux.
– Jan Kopp est artiste. Né à Francfort (Allemagne), il vit à Lyon.
– Jacinto Lageira est philosophe, Professeur en Esthétique à l’Université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne).
– Daniel Lê est artiste et enseignant en arts plastiques à l’Université Picardie Jules Verne (Amiens, France). Il vit à Paris.
– Françoise Parfait est professeur en arts plastiques et nouveaux médias à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et artiste. Elle vit à Paris.
– Eric Valette est enseignant chercheur en arts plastiques à l’Université de Picardie Jules Verne (Amiens, France) et artiste. Il vit à Paris.
Sont aussi membres associés du collectif Suspended spaces Kader Attia, Marcel Dinahet, Maïder Fortuné et Valérie Jouve.
» Suspended spaces est un collectif composé d’artistes et de chercheurs, épaulé par des centres de recherches universitaires, à Paris 1 Panthéon-Sorbonne (ACTE) et Amiens (CRAE Université de Picardie Jules Verne). Convaincu de l’importance et de la légitimité du regard artistique sur le monde contemporain, le Collectif travaille à partir de sites historiques délaissés par la modernité et dont le devenir a été empêché pour des raisons politiques, économiques, historiques.
Le projet est né d’une certaine sidération : la découverte de la ville fantôme de Famagouste à Chypre, ou plus précisément de Varosha, le quartier balnéaire de la ville. Ce vaste quartier moderne chypriote grec a été saisi par l’armée turque lors de l’offensive de 1974, vidé de ses habitants et maintenu vide. Le regard partagé sur cette « anomalie historique » ainsi que les récits qui prolongèrent nos premières impressions auprès d’autres témoins de cette histoire, nous ont poussé à explorer plus loin ce qui nous avait été donné par le hasard, et qui avait spontanément raccordé un lieu réel et des fictions, une situation géopolitique «inachevée» et un fort potentiel imaginaire. Il nous a semblé qu’il y avait là de quoi engager une recherche dans notre domaine, une recherche en art.
A partir de ce premier espace en suspens, une méthode s’est peu à peu mise en place de manière organique, à partir de résidences et d’expériences partagées. Une grande exposition à Amiens présenta les premiers résultats de cette recherche et un livre, Suspended spaces # 1-Famagusta rend compte de ces diverses formes d’expériences.
La seconde étape a conduit le Collectif Suspended spaces au Liban, pour une recherche sur la Foire internationale Rachid Karamé, projet inachevé d’Oscar Niemeyer à Tripoli (nord-Liban). Deux livres ponctuent la préparation et la réalisation de ce travail, Suspended spaces # 2 – Une expérience collective et Suspended spaces # 3 – Inachever la modernité. Le livre Suspended spaces # 4 – Le partage des oublis (2018) fait référence au colonialisme portugais, de l’Afrique à l’Amérique, du Mozambique au Brésil, qui fut l’objet d’un colloque organisé à Lisbonne en 2016. Cette focalisation sur les anciennes colonies portugaises a permis d’éprouver nos réflexions à partir d’une histoire envisagée comme paradigme du rapport entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique du Sud et de l’inscription de cette histoire mondiale dans la question de la modernité. Il revient également sur quatre expositions du Collectif qui montrent l’importance que cette forme de recherche a prise depuis quelques années.
Chaque publication marque une nouvelle étape du projet global, et permet non seulement de faire état de la recherche et de son évolution, mais aussi de livrer des réflexions théoriques et des propositions artistiques, grâce aux textes et aux images qui témoignent des expositions réalisées. Nous essayons d’articuler le plus dynamiquement possible d’une part, et avant tout, les lieux réels, des espaces en suspens que nous interrogeons ou bien encore des structures qui nous invitent à intervenir, sous forme d’expositions, de colloques et de résidences. Et d’autre part, une idée, un thème, une approche singulière qui s’inscrit dans la suite de la réflexion menée depuis le début du projet Suspended spaces concernant une mise en question des modernités.
Le dernier projet en date du collectif, en cours à ce jour, a trouvé sa forme de résidence sur un bateau qui a navigué sur le fleuve Tapajos au Brésil, vers Fordlândia (2018). Née de la volonté de développer une plantation intensive d’hévéas pour produire le caoutchouc nécessaire à la fabrication des pneumatiques de ses automobiles, le projet urbain et industriel d’Henry Ford au cœur de la forêt amazonienne s’est soldé par un échec. La mauvaise évaluation des conditions botaniques et géographiques de cette transplantation seront responsable de ce fiasco (pas une goutte de caoutchouc ne sera extraite de l’exploitation où par ailleurs Henry Ford ne s’est jamais déplacé lui-même), faisant de Fordlândia une caricature du projet moderne. Niant toute prise en compte des caractéristiques climatiques, géologiques, culturelles du territoire où il a implanté ses infrastructures, Ford poussa la logique supposément progressiste du modernisme économique jusqu’à l’absurde.
Chacune des expériences menées par Suspended spaces a été l’occasion d’interroger l’histoire d’un site et son actualité, en explorant les questions écologiques, coloniales, architecturales, politiques, esthétiques, afin de proposer des approches critiques et artistiques sous différents formats : échanges et débats avec des acteurs locaux, expositions, colloques, publications, etc. »
Texte provenant du site du collectif http://www.suspendedspaces.net/